Ni message de condoléances du président, de son épouse et du ministre de la Culture, ni communiqué officiel sur le site de la Présidence comme on le voit ailleurs en Afrique. To lambo, zéro ! –
S’IL VOUS PLAIT, QUELQU’UN PEUT-IL SOUFFLER A PAUL ET CHANTAL BIYA QUE ANNE-MARIE NZIE EST MORTE ?
Ni message de condoléances du président, de son épouse et du ministre de la Culture, ni communiqué officiel sur le site de la Présidence comme on le voit ailleurs en Afrique. To lambo, zéro !
A quoi a t-il servi à notre virtuose nationale d’être la mascotte de l’homme du Renouveau ? Le Cameroun doit sortir de cette instrumentalisation et de ce mépris des artistes.
Et pourtant ! Juin 2011, la présidentielle se profile à l’horizon. Charters d’artistes et collectifs de soutien sont de mise. Le reporter de Cameroon Tribune, Jean Francis Belibi, envoyé spécial à Meyomessala, l’arrondissement de naissance du chef de l’Etat, rend compte de la " ferveur" des artistes autour des appels à la candidature de l’homme du 06 novembre : " Après la standing ovation, raconte t-il, qu’elle a suscitée en l’honneur de la doyenne Anne Marie Nzié mardi au Centre commercial dans le cadre de leur appel à la candidature du président Paul Biya pour la prochaine élection présidentielle, la première dame n’a eu de cesse d’encourager tous les artistes qui se sont par la suite succédé sur l’immense podium monté pour la circonstance. De K-Tino à François Nkotti qui a fait vibrer l’assistance sur un air de Black Styl, en passant par Majoie Ayi, Beko Sadey ou encore Guy Watson l’auteur de « Mignoncité » ".
Voix d’or ou de diamant au sens de Manu Dibango, Anne-Marie Nzié, figure immense, reconnue et pionnière de la musique camerounaise et africaine moderne, guest star de cet évènement d’alors, ponctuation du folklore politique du landerneau Rdpc, n’a jamais dissimulé son soutien au président. Faut-il se souvenir du cinglant camouflet adressé aux militants de l’opposition en 1990, quand ceux-ci avaient choisi sa chanson épique " Liberté " comme hymne lors de leurs manifestations ? " Je tiens à dire que je l’ai faite pour Paul Biya ", avait-elle vertement répliqué sur les ondes de la radio et les antennes de la Crtv.
Malgré ce coup de bambou et le froid jeté dans l’opinion, l’aura de la diva et l’affection qu’on lui porte n’ont pas terni. Son oeuvre d’exception, sa place dans l’imaginaire collectif et un attachement à sa personne ont eu raison des polémiques et rancœurs.
En 2008, une cérémonie d’hommage a été organisée en son honneur en présence de membres de premier rang du Gouvernement. Elle n’avait toutefois de cesse de réclamer un statut officiel, des moyens et une reconnaissance plus explicite. L’un des gestes attendus étant celui du chef de l’Etat pour lequel, comme dit le sens populaire, elle s’est " mouillée ".
Deux jours, après le décès de l’illustre icone Papa Wemba, face aux interpellations et à l’élan international suscité par son départ, Paul Biya a adressé une lettre de condoléances à son homologue congolais, terre de naissance de la star de la rumba. Joseph Kabila, dans une démarche exemplaire, a alors organisé avec un rare engagement trois journées de deuil national, saluées de toute la planète en son honneur.
Au pays des ancêtres d’Anne-Marie Nzié, tout cela ressemble à un impossible miracle. Jusqu’ici, aucune figure de notre culture et de notre musique n’a bénéficié d’un tel hommage et à minima d’un simple message de condoléances du chef de l’Etat lu sur les antennes ou disponible sur le site officiel de la Présidence.
Ni Francis Bebey, chantre des musiques du monde et de la valorisation du patrimoine musical camerounais et africain, ni Epeme Theodore Zanzibar, leader des Tetes Brulées, ce groupe qui a internationalisé le bikutsi, ni Jean Bikoko Aladin père de l’Assiko, ni Gedeon Mpando, sculpteur et concepteur du monument de la réunification, ni Bebe Manga, ni Nelle Eyoum, père du makossa, ce rythme qui a conquis la planète, ni Mongo Beti et les grands écrivains partis vers les Cieux, Eboa Lotin, ni personne n’ont eu la grâce de ces choses simples qui renseignent et témoignent de la place et du rôle de la culture dans une société.
Je sais et j’espère qu’à Genève, devenue seconde capitale du Cameroun, où Anne-Marie Nzié donna un concert en mars 1959 aux côtés de Gilbert Bécaud, l’écho de cette éternelle supplique parviendra au couple Biya. Changeons nos disques rayés !
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