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BONA, UN SI BEAU BOUQUET…

Un public à l’unisson au parc floral et l’album Héritage en partage. Richard Bona et l’orchestre cubain Mandekan sur un nuage de grâces ! –

 

C’est l’été, Bona et son arrière-garde cubaine soufflent le chaud. Une énième fois au Paris Jazz Festival, une Mecque du genre, vrai must go and see, lancé en 1994, qui compte à son palmarès les plus grands noms de cet univers musical, entre jazz, musique afro-américaine et musiques du monde. Des montées de température, un public surchauffé. C’est la Havane sur Seine ; un voyage à escales entre Cuba et l’Afrique, ponctués d’arrêts en rythmes et sons inventifs, s’arrimant à un héritage revendiqué, celui du Buena Vista Social Club ou d’Irakere, monstres sacrés du pays de Fidel Castro.

Le parc floral est en liesse, débordant des plages d’un orchestre aux sons sublimes, entraînants et déroutants. La musique rend les filles et femmes encore plus chatoyantes, lunettes vissés à la tempe, vêtements et couleurs saillants. Près des pavés de bulbes comme de la lisière bondée de l’estrade, les salseros cadencent. Au pied des vallées de fleurs, pinède et azalées, les mélomanes chavirent. Sur les bords des paysages aquatiques, de ce miroir d’eau et de sa fontaine monumentale comme la sève des talents des artistes sur scène, on transpire de ces joies ébouriffantes.

Tels des fans exaltés, une enfilade de danseurs du dimanche, aux couleurs des Lions indomptables, promènent une fierté à peine dissimulée. « C’est notre Ninja. Une tortue de Minta, qui le pas assuré, conquiert le monde ». En écho, l’orchestre Mandekan, telle une composition florale, fait souffler les iris, éblouit des yeux et nous prend par la main pour des embardées enivrantes. Pour Patrick Labesse, journaliste au Monde, pris dans les rets de cette feria : " Richard Bona est dans le sillage de Django Reinhardt. Le pape du jazz manouche, éclaireur de ce qu’on appelle la fusion, très avance à son époque, mélangeait déjà ses traditions au jazz américain, au be-bop, etc ".

Dans ce composite de rythmes, à son aise, le bassiste camerounais, infatigable globe-trotter, entre humour et émotion, emmène très loin le public. A Minta, Lolodorf et Douala où il puise et diffuse la mousson et les vents frais d’une pointe de makossa, d’un rab de musique traditionnelle et les secrets d’une fluidité vocale plébiscitée. A Bamako ou Tombouctou, au Cabinda ou dans les tréfonds de la forêt équatoriale. Sur le chemin de Tokyo, prochaine étape de la tournée, pays d’inspiration des patios horticoles et pavillons du Parc floral. Et surtout à Cuba, où il a posé ses valises pour dégoter des perles, le groupe Mandekan, explosif et à l’orchestration relevée et aux symphonies puissantes et solaires.

Et puis des pépites. On connaissait les hommes-orchestres et aussi le multi-instrumentiste – il en pratique neuf -, mais on a découvert l’homme-instrument. Un cadeau d’aurevoir au public sous la forme d’une chanson composée uniquement de sa voix et d’un sampler. Une palette riche, le transport des âmes.

Hier, une nouvelle preuve : le jazz comme les plantes a des racines ; Bona, une fois encore les replonge en Afrique. Il a ses essences et mille senteurs. Il a tout aussi des greffons, entre musique et partage, qui prennent, font souche, comme ces infusions cubaines. Vamos Bona !

 

Abdelaziz Moundé Njimbam

 

Written by MagCamerfeeling

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